Conférence de presse sur les nouveaux billets de Banque
Bujumbura, 11 juin 2015.
Afin de faire le point sur beaucoup d’affirmations et des questions entendues dans le public à propos des nouveaux billets, la Banque de la République du Burundi a organisé une conférence de presse qui était animée par M. Clément BUTOKE , Responsable du Service Emission, Caisses et Trésor.
Au début de la conférence, il a annoncé aux journalistes que des cadres de la Banque venaient d'effectuer des descentes dans 65 communes pour sensibiliser la population sur les nouveaux billets. Contrairement à ce qui se disait que ces nouveaux billets ne sont pas acceptés par les changeurs, BUTOKE a fait remarquer que tous les changeurs des frontières rencontrés à KOBERO (Muyinga-Tanzanie), GASENYI (Kirundo-Rwanda) et RUYIGI (Burundi-Tanzanie), utilisaient bel et bien les anciens comme les nouveaux billets et que la population est en train de se familiariser petit à petit avec les nouveaux billets.
Les principales questions posées par les journalistes sont les suivantes :
-
Que dit la Banque à propos d'une opinion qui croît que « ces billets sont mauvais parce qu'ils ont été fabriqués en Chine ».
-
L'usine qui a fabriqué ces billets est-elle reconnue par la banque Mondiale et FMI ?
-
Les billets sont-ils reconnus par la Banque Mondiale et le FMI ?
-
Pourquoi les billets ont été si vites imités ? Cela ne veut-il pas dire qu'ils sont facilement imitables ?
-
Quand on frotte avec du papier l'encre des billets ne résiste pas. N'est-ce pas un signe qu'ils sont peu crédibles ?
-
Pourquoi les billets à la veille des élections ?
-
Pourquoi empêcher de plier les billets et en même temps dire que ces billets sont meilleurs, n'est-ce pas une contradiction ?
A propos de l'imprimeur Clément BUTOKE a annoncé aux journalistes que pour fabriquer les nouveaux billets, la Banque Centrale procède par appel d'offres. Il a ainsi révélé que parmi une liste des imprimeurs pré-qualifiés sur base de la technicité et de la renommée, Oberthur Fiduciaire, une usine française, a été le mieux offrant et a gagné ce marché. BUTOKE a dit que ces billets n'ont pas été imprimés en Chine. Toutefois, il a tenu à souligner que la Chine peut fabriquer de bons produits que cela dépend de la volonté de celui qui a fait la commande.»
Quant au FMI et à la Banque Mondiale, le Responsable du Service ECT a expliqué que ces institutions n'ont pas de rôle de contrôle sur la fabrication des billets. « Ils interviennent notamment dans le soutient de la croissance, des balances des paiements, la maitrise de l'inflation… mais pas dans la fabrication des billets de banque. La fabrication des billets relève de la souveraineté d'un pays. Par contre, les usines qui fabriquent les billets doivent avoir des accréditations des maisons compétentes avant d'exercer », a-t-il dit. Clément BUTOKE a précisé que les usines imprimant les billets doivent avoir des certifications de contrôle de la qualité comme les certifications ISO. En guise d'exemple, Les imprimeries fabriquant les Euros doivent avoir l'accréditation de la Banque Centrale Européenne (BCE) délivrée lorsque ces imprimeries respectent les normes de qualité et de sécurité fixées par la BCE. Ces imprimeries appliquent les mêmes règles de qualité et de sécurité à l'impression des billets de banque des Banques Centrales non membres de la Zone Euro sous peine de se voir retirer l'accréditation BCE. Il a ajouté que si par malheur, la Banque Centrale qui leur a donné accréditation constate qu'elles ont failli à ces normes, elle leur retire cette accréditation et ces usines perdent leur emploi, pour dire que les règles de sécurités et de qualité qui ont été utilisées pour imprimer les billets du Burundi, sont les mêmes que celles utilisées pour fabriquer les Euros.
Comme la population rencontrée lors des descentes l'avait souvent demandé, un journaliste a voulu savoir « pourquoi empêcher de plier les billets et en même temps dire que ces billets sont meilleurs, n'est-ce pas une contradiction ». Selon Clément BUTOKE, cela ne veut pas de dire que ces billets ne sont pas assez solides comparativement aux anciens, mais plutôt une interpellation pour que le public les prenne avec soin pour une plus longue durabilité. Il a dit : « Bien que le billet soit fabriqué en papier fiduciaire solide, quand vous le pliez avec force, vous entamez le processus pour le déchirer ».
A propos de la période de mise en circulation des billets qui coïncidait avec la campagne électorale, Clément BUTOKE a reconnu que ce n'était pas le bon moment et a expliqué que cela n'a pas dépendu de la Banque qui a, en réalité été obligée de les lancer puisque les stocks des anciens billets étaient épuisés. « Ce n'était pas un défaut de programmation mais un contre temps qui est survenu dans la production de ces billets, lequel contre temps s'est répercuté sur nos stocks ».
Pour un autre journaliste de la Radio Nationale, le fait que les billets aient été si rapidement imités voudrait dire qu'ils sont faciles à imiter. Le Responsable du Service ECT a réfuté ces propos en expliquant que l'imitation des billets a toujours été une chose que les faussaires ont toujours tentée. Par ailleurs, a-t-il continué d'expliquer : « N'importe qui voudrait avoir un billet loyalement, si non par tout autre moyen. Que ce soit pour les nouveaux ou les anciens, la tentative est toujours là. Aujourd'hui, cela est facilité par l'existence sur le marché des appareils d'imitation de plus en plus performants et moins chers. Seulement, ce que nous faisons c'est de compliquer la tâche des faussaires par des sécurités plus sophistiquées et plus difficiles à imiter. Pour nous, qu'ils aient tenté c'est normal, le public doit le savoir : il y a toujours une course poursuite entre l'imprimeur d'une part et le faussaire et le contrefacteur d'une autre part. L'essentiel est que le banquier central donne une longueur d'avance au faussaire et au contrefacteur pour permettre à ces billets de durer longtemps sans être correctement imités ».
Il ya quelques semaines, le journal Net Press avait publié que les nouveaux billets ne sont pas de bonne qualité car « si on prend du papier blanc et qu'on les frotte, une encre reste sur le papier ». Un journaliste a aussi rappelé cela. Clément BUTOKE a ainsi expliqué les billets sont du papier fiduciaire fabriqué avec du coton. Or, le coton a la qualité d'absorber tout ce qui est liquide. Il y a de l'encre au-dessus et de l'encre qui est imbibée à l'intérieur du papier fiduciaire. Quand on frotte l'encre qui est au-dessus va rester sur le papier mais pas celle qui est à l'intérieur. Il a souligné que cette expérience de frotter le billet a été faite sur un billet en Euro, en dollar américain et sur un ancien billet du Burundi. Pour tous ces billets, une encre restait sur le papier, il a tenu à préciser que cela n'affecte en rien la qualité du billet.
Lors de cette conférence de presse, Clément BUTOKE avait appelé le public à toucher et à regarder les billets à la lumière avant de les accepter, afin de se prévenir contre les faussaires, surtout pendant cette période où certains n'ont pas encore maitrisé leurs sécurités.
Fin